17. Exploration Cosmique
17.1 Les différents habitants de l'univers
17.2 La planète habitée lùpah
17.3 La planète habitée Daminyan
17.4 La planète habitée Balang-chôd
18. Exploration de l'Antimatière
18.1 Satellite Ngagabling, la prison démoniaque
Rakshasas
18.2 Le monde asuras
18.3 L'espace tampon Dorje shyönnu
19. Nouvelle Ere en Préparation
Suite: Le cours condensé de méditation " Développez vos pouvoirs paranormaux " (220ko)
Cinq Janvier 1992, Vairochana, comme promis, me guide à travers le dédale des mondes et nous fait prendre du recule.
17.1 LES DIFFERENTS HABITANTS DE L'UNIVERS
Vu de très loin, l'univers principal est plus aplati que je l'avais
cru au départ; la sphère, sur l'équateur, semble dilatée
par la force centrifuge. Prenant de la hauteur, nous nous plaçons
à la verticale de l'axe. Au-dessous, des effluves brèves et
aléatoires irradient l'espace en partant du centre vers la périphérie.
Dans le plan de rotation, en limite circonférencielle, s'égrènent
des
anneaux d'amas d'univers détachés. L'ensemble tourne comme
une toupie.
-" A la pointe de ces quatre faisceaux brillants, eux-mêmes
constitués des cinq sous-faisceaux des éléments, se
focalisent les énergies de la vie. Il y a donc seulement quatre mondes
de matière habités, extrêmement petits, la terre est
au bout de celui-ci, à droite. En face se trouve la planète
Lùpah grand corps. Derrière, Balang-chôd. A gauche,
Daminyan. Nous irons les visiter. Près de chacune des extrémités,
sur un sous-faisceau, se trouvent les univers-satellites des mondes habités
de la matière. Fortement polarisés, faits d'antimatière,
ils emprisonnent les esprits malades incapables de résider dans les
niveaux plus équilibrés. Il y a deux satellites par planète
habitée, l'un est à forte composante masculine d'agressivité,
l'autre est à forte composante féminine. Nous irons visiter
Ngagabling, univers-satellite gauche de votre terre où vivent les
Rakshasas, mauvais esprits démoniaques agressifs. Dans le dernier
quart supérieur du noyau vivent les esprits envieux Asuras qui se
mesurent aux esprits immédiatement au-dessus d'eux. Nous irons les
voir également. Plus au-dessous, trois autres niveaux du noyau abritent
les génies des éléments. Au-dessous de nous se situe
l'espace des sens de Brahma. Au-dessous de lui, les trente-deux fuseaux,
plus une place centrale, ce sont les trente trois espaces d'Indra où
siègent les esprits contrôlés par les sens. Actuellement,
nous sommes dans l'espace suprême. Comme vous le voyez, les planètes
comparables à la Terre sont peu nombreuses, la majorité des
places est occupée par des consciences désincarnées.
Commençons par visiter Lùpah."
Empruntant la voie du pôle que nous surplombons, nous amorçons
notre descente avec un angle que les pilotes de chasse jugeraient suicidaire.
Heureusement, les conditions de vol ne sont pas les mêmes. Ici, pas
d'atmosphère, pas de vortex, pas de limite de portance. Les accélérations
et décélérations sont foudroyantes, les ressources
qui donnent le haut le coeur n'amènent pas d'afflux sanguin dans
les membres inférieurs, et pour cause, sans corps de chair, nos organismes
énergétiques nous propulsent à des vitesses fantastiques.
Evitant quand c'est possible les nébuleuses spirales, nous mettons
le cap plein Est longitude 90°, latitude 0° et suivons
approximativement le balisage d'un faisceau blanc brillant. Si sur notre
chemin se trouve un amas de planètes difficile à éviter,
mon guide m'a bien prévenu: "inutile de faire du slalom, foncez
tout droit et si vous me perdez, rendez-vous à l'extrémité
du rayon". Je sais que je peux lui faire confiance mais tout de même,
je marque quelque hésitation lorsque, ayant pris un peu de retard,
j'aperçois sur ma trajectoire, un trou à entonnoir inquiétant;
se pourrait-il que ce soit l'entrée d'un monde infernal duquel il
semble si difficile de s'extraire? Sans savoir, je n'ai pas du tout envie
d'y aller seul, aussi, j'évite soigneusement ce qui me semble un
piège. Cette indécision m'a fait perdre mon guide qui sans
m'attendre s'est précipité sur la planète objectif.
Avec un peu de difficulté, j'arrive néanmoins en approche
longue finale, la focalisation énergétique faisant office
d'I.L.S. et je rejoint Vairochana que son intense clarté si attractive
rend parfaitement visible. Le ciel fait apparaître des étoiles
comme il en existe sur Terre, certaines lancent des éclats comme
nos pulsars. L'astre dominant semble être un soleil pâle, plutôt
à la façon d'une lune très blanche. Pour ce que je
peux voir, un système planétaire approximativement identique
au système terrestre semble délimiter les saisons et le temps.
Lùpah parait être plus grande que la Terre.
Nous entamons une descente pour explorer la surface de la planète.
A l'altitude d'environ trois cent pieds, planant silencieusement, nous examinons:
une étendue d'herbe; de petits arbres d'un vert très pâle
à feuilles caduque semble-t-il, quelques résineux; plus loin
un lac aux abords tranquilles. Nous descendons à trente pieds. Des
oiseaux flottent paisiblement à sa surface, une légère
brise fait onduler les plantes marécageuses. Non loin de là,
une hutte faite d'une plante ressemblant à du roseau séché
du toit de laquelle s'échappe de la fumée. Elle semble habitée.
Nous nous posons sans bruit, nos pieds effleurant à peine le sol
à un pas de ce qui paraît être l'entrée. Poussant
brutalement la porte, une personne en sort, apparemment un homme, bientôt
suivi d'une deuxième qui, à n'en pas douter, est une femme,
deux seins généreux l'attestent. Ils nous traversent complètement,
sans gêne apparente, sans nous apercevoir non plus. Leur visage de
forme concave, étonnamment pâle, est ce qui se remarque en
premier; leur taille est d'environ deux mètres, la posture est verticale,
la démarche aisée et souple avec un brin de nonchalance. Ils
paraissent calmes, assez vertueux, heureux. L'allure est assez semblable
à celle des terriens.
Je jette un oeil furtif à l'intérieur de la hutte: sur une
table rudimentaire, les restes d'un repas, la base de leur alimentation
semble porter sur les récoltes de la culture des champs. Les pensées
de mon guide influencent ma perception:
-" Ces gens sont effectivement calmes et vertueux, la vie sur Lùpah est facile, le problème est qu'il n'y a pas de religion et que par conséquent, les progrès sont lents, basés sur l'apprentissage des causes et des effets. Ils ne sont pas tombés dans le travers de la technologie à outrance mais le lymphatisme dont ils font preuve ne mobilise pas leur énergie pour des études métaphysiques. Nous avons beaucoup de mal à leur enseigner quelque chose qui mette sur une voie plus rapide d'évolution spirituelle. Leur mémoire est prodigieuse mais, tournée vers le passé, elle ne stimule pas leur espoir d'une amélioration future. Allons par ici, vous aurez un aperçu de leur vie communautaire."
Nous reprenons de l'altitude. La végétation se fait plus
luxuriante, la faune comme la flore sont assez semblables à la nôtre,
si bien que la planète terre que je croyais être le seul monde
pour les animaux et les humains ne l'était pas. La petite citée
que j'ai maintenant en vue sur ma droite doit abriter environ dix mille
personnes et s'étend sur près de vingt kilomètres carrés.
Au centre, sur une place, une grande bâtisse carrée surmontée
d'un assemblage pyramidal de pierres domine l'ensemble. Des ruelles parfaitement
rectilignes délimitent la ville en plusieurs quartiers. Nous changeons
de cap, prenons l'édifice central comme objectif puis passons en
approche lente. A cent pieds, nous optons pour un vol stationnaire. Silencieux,
nous observons les rues. Pas de moyen de transport mécanisé,
les citadins marchent, tout simplement, sans bousculade. -" Nous avons
essayé d'implanter ici un temple et quelques coutumes religieuses
mais les anciennes habitudes ont repris le dessus; l'église est devenue
bâtiment administratif et halles centrales. Impossible de leur faire
prendre conscience des possibilités élevées latentes
chez tous les êtres. Voilà la planète Lùpah.
Rien d'attirant comme vous le voyez. Nous pourrions faire le tour complet,
vous auriez la même vision des choses et des habitants. Croyez moi,
il n'y a aucun
intérêt à y rester ou à y vivre. Ne le conseillez
pas à vos lecteurs. Allons maintenant voir Daminyan."
Nous nous élevons rapidement puis mettons cap au 225, latitude
0, sur la balise
verte de la plus grosse planète habitée.
17.3 LA PLANETE HABITEE DAMINYAN
Notre approche cette fois, se fait sur une orbite rapide à dix
mille pieds d'altitude. La couleur dominante qui se dégage de la
planète est le vert, agrémenté de quelques taches blanches
très éparses dont je ne puis dire encore s'il s'agit de nuages
ou d'étendues d'eau. Nous descendons maintenant à la verticale
avec un taux de chute qui donne l'impression de perdre trois mille pieds
seconde. Etant hors du temps, cette mesure ne veut rien dire mais, néanmoins,
l'effet semble celui-là. Une ressource à couper le souffle,
lui aussi pourtant inexistant, nous nous mettons en
stationnaire, immobiles, silencieux, à cent pieds, à la verticale
d'un troupeau à flanc de coteau. Un peu plus loin, un lac, partout
ailleurs des bosquets. Rien d'exceptionnel, pourtant, mon attention est
attirée par des formes humaines qui foisonnent dans les arbres, nous
nous approchons.
-" Ces créatures mentales sont les esprits des défunts de la planète qui hantent les arbres nourriciers. Leur manque d'élévation spirituelle les contraint à ces dépendances."
Nous reprenons notre vol, la navigation se fait à vue en suivant
un chemin qui logiquement doit nous mener à un bourg. En fait de
bourgade, c'est un minuscule village de quelques baraques
aux toits en terrasses qui s'étale devant nous. Cette fois, mon guide
semble décidé à pénétrer dans l'une d'elle,
je le suis. A l'intérieur, un couple et deux enfants dont les têtes
m'effrayent un peu; leur forme presque carrée, légèrement
rectangulaire, me fait penser à celles de chevaux. Personne ne soupçonne
notre présence, ils s'affairent sans un mot à des tâches
domestiques banales. Un confort modeste leur parait suffisant. Nous sortons
par la porte restée ouverte et planons à quelques mètres
des maisons.
-" La vie des habitants de Daminyan est longue et présente quelques mérites. Les arbres subviennent presque entièrement à leur nourriture au point qu'après leur mort, la dépendance qu'ils en ont, continue inconsciemment à exercer son attrait, leur esprit hante les arbres nourriciers. Le problème est identique à celui de Lùpah. La religion, la méditation, la métaphysique ne les inspirent pas; l'évolution est lente. Ce n'est pas une planète digne d'intérêt pour des consciences évoluées, il faut l'éviter. Allons voir Balang-chôd."
Nous mettons cap au 315, latitude 0, sur la balise rouge de la dernière
planète
habitée à découvrir.
17.4 LA PLANETE HABITEE BALANG-CHOD
Un peu plus grosse que la Terre, moins que Lùpah, la coloration écarlate de la planète pourrait-elle réserver quelques surprises?
D'une altitude de cinquante mille pieds, nous dégringolons à
trois cent pieds en un piqué vertigineux qui me fascine. La fulgurance
de la décélération est prodigieuse, brutale et tellement
sécurisante: pas de masse donc pas d'inertie et pas de questions
à se poser pour savoir si la structure résistera aux efforts
d'une ressource effarante. L'énergie qui nous propulse, empruntée
aux forces cosmiques ambiantes nous libère de tout souci d'autonomie
et d'approvisionnement.
L'atmosphère est bien réelle, je la sens, mais elle n'oppose
pas de résistance à l'avancement de nos corps immatériels.
Le chakra brillant de notre tête, en court circuit avec celui de notre
coeur, provoque une réaction énergétique qui rayonne
presque comme une sphère. Celui de mon périnée, dont
une branche n'est pas active, délimite un triangle où trois
surbrillances s'apparentent à des phares, tandis que celui de mon
guide, bien mieux équilibré émet quatre rayons qui
délimitent une zone carrée plus un cercle, dans un plan parallèle
au sol.
De l'altitude où nous sommes j'aperçois des prairies, un lac et une horde d'animaux ressemblant aux chevaux. Plus loin, une étendue mouvante, nous nous approchons, c'est un immense troupeau de bovins semblables à nos bisons terrestres. Nous prenons 500 pieds et poursuivons en direction du pôle magnétique Nord. Une ville est en vue. Nous descendons.
C'est une grande citée qui s'étend sur environ cent kilomètres carrés si tant est qu'une comparaison puisse être faite en cette matière. De grands immeubles à l'allure arrondie, d'une hauteur de quelques dix étages occupent les abords de rues circulaires où des véhicules qui ne sont pas des automobiles, circulent sans arrêt à petite vitesse. En fait de véhicules, il s'agit apparemment de trottoirs roulants où les habitants se pressent, changeant perpétuellement de file afin d'emprunter des voies plus ou moins rapides. L'ordre à l'air de régner dans ces allées et venues. Nous nous approchons encore et nous posons en bordure de voie. La tête des habitants me paraît particulièrement rouge, ronde et plus grosse que la nôtre. Une certaine puissance physique se dégage de leur allure. Comme sur les précédentes planètes et la Terre, ils ont un système respiratoire apparemment comparable. L'activité qu'ils déploient me fait penser à la fébrilité très "busy" des V.I.P de la Terre.
-" C'est vrai, ces gens sont aussi dépendants des possessions que le sont les terriens que nous appelons souvent "les fourmis" tant l'activité que vous déployez pour satisfaire vos appétits de propriété sont grands. Sur cette planète existe l'abondance en grande partie procurée par le bétail, base de leur alimentation et de leur commerce. Leur puissance est réelle, sur le plan physique surtout, car sur le plan métaphysique par contre, ils sont nuls, aucune religion, pas d'exercice spirituels, pas de progrès de grande ampleur comme il en existe sur Terre. Voyez leur aura, remarquez leurs centres énergétiques, ce n'est pas demain qu'ils voyageront dans le cosmos. Parmi les mondes habités, malgré le mélange de bien et de mal qui y règne, c'est la Terre que nous préférons. Allons maintenant voir deux des mondes de l'antimatière, le monde Rakshasas puis nous irons chez les Asuras."
18. EXPLORATION DE L'ANTIMATIERE
18.1 SATELLITE NGAGABLING OU LA PRISON DEMONIAQUE RAKSHASAS
La Terre, hors de son univers, a deux satellites d'antimatière pour équilibrer son énergie. Le satellite de gauche, au cap 22,5°, latitude 15° Sud, est notre but d'exploration. Ici, pas de balise brillante mais plutôt une terne couleur de fumée indique sa position. Nous nous y dirigeons.
-" Accrochez-vous mon jeune ami, autant vous prévenir tout
de suite, ce que vous allez voir et entendre sera stressant. Ne tombez pas
dans le piège des esprits malfaisants qui y règnent, lequel
consiste à provoquer la peur et la douleur dont ils se délectent.
Restez maître de vous-même. Inutile de fuir, votre constitution
actuelle n'étant pas de matière, les coups que vous pourriez
recevoir ne pourront vous blesser ou vous tuer; la douleur n'est que subjective,
cela dépend de vous. Si vraiment vous ne pouvez soutenir l'agression,
faites vous mentalement énorme et puissant, ils décamperont
immédiatement. Afin de jouer le jeu, faisons-nous passer pour deux
consciences paranoïaques venant de décéder qui, par crainte
d'être attaquées, basent leur système de défense
sur la menace."
Mon guide s'arme mentalement d'un couteau, moi d'un fusil à canon scié et d'une cartouchière bien en vue. Nous prenons une attitude psychique agressive et entamons notre approche. Porté par ce courant, une force d'attraction gigantesque nous attire. Nous nous laissons glisser, non sans quelque appréhension en ce qui me concerne.
Des étendues ténébreuses à perte de vue d'où s'échappent des plaintes incessantes venant de je ne sais où. La pénombre se fait peu à peu moins pesante, peut être est-ce dû à l'accoutumance. Subitement, nous sommes catapultés sur une route noire où il nous faut marcher. La pesanteur paraît forte, contraignante et la marche semble interminable. Pas âme qui vive apparemment, du moins pour le moment. Dans cette absence de lumière, j'arrive cependant à distinguer maintenant quelques maisons blanches alternant avec d'autres, presque noires. Les lamentations se font plus fortes et semblent provenir de trous noirs dans le sol. Tout à coup, une bourrasque terrible nous pousse en avant, des cris effrayants puis des injonctions:
"Prends celui-là, je vais me payer l'autre avec sa sale gueule. Nom de Dieu! ce qu'il a l'air nul c't'imbécile avec sa pétoire. Tu crois que tu me fous les jetons connard?"
Deux énormes silhouettes humaines nous encadrent, celui qui s'adresse à moi est armé d'un lance-roquettes portable, l'autre d'une hache. Leur attitude est franchement menaçante. Celui qui ne dit rien a un sourire en coin pervers qui parle de lui-même, il jubile lorsque nous esquissons un geste de recul.
"J'te l'avais dit mec, des lopettes, rien dans le froc, j't'assure, c'est tout bon."
J'arme les deux chiens de mon fusil mais à peine ai-je eu le temps
de finir qu'une formidable déflagration me couche au sol. Le lance-roquettes
a bien fonctionné, j'ai reçu la décharge en pleine
poitrine. Il place ses deux doigts dans sa bouche et un sifflement strident
déchire
l'atmosphère. Une horde infernale se précipite alors vers
nous en un tumulte effrayant. Je cherche mon guide, il a disparu.
" Y'a un souffle vital à se farcir les mecs, allez-y et gardez-moi le meilleur putain de merde ou je vous taille en pièces bande de fêlés."
Le chef de bande a l'air content, il a eu raison de moi, du moins, c'est
ce qu'il croit. En un clin d'oeil, je me relève et fonce dans la
marée démoniaque. Mal m'en prend, une incroyable densité
de haches et de couteaux s'abat sur moi et me coupe de part en part. On
me traîne jusqu'à un de ces trous lugubres, m'allonge sur un
billot dans lequel une excavation permet de recueillir le sang des victimes;
on m'attache et à coup de hache on entreprend de me découper
les membres. Un feu est activé en vue de commencer à me griller
le tronc qui sera, si j'en juge par les restes des victimes précédentes
encore vivantes et qui n'en finissent pas de geindre, embroché comme
pour un méchoui. Dans la caverne lugubre, sur les parois rocheuses
éclairées par le brasier attisé, je remarque des stalactites
et stalagmites que la graisse humaine des rôtissages incessants a
formé. Je pense soudain aux animaux terrestres qui subissent à
peu près le même sort et estime que finalement, l'enfer existe
chez nous aussi. J'ai la nausée. Estimant que la partie a suffisamment
durée, je me relève et transforme alors mon apparence en un
gigantesque corps énergétique où tous les centres sont
actifs. Un tumulte de panique indescriptible bouleverse l'assemblée
démoniaque. Un "Oh!" saisissant s'échappe de leurs
bouches hideuses bientôt suivit d'une débandade rocambolesque.
Prenant leur envol, ils s'enfuient en tous sens tels des oiseaux
de proie apeurés.
Vairochana me rejoins.
-" Vous vous en êtes bien sorti. Sachez que ceux qui arrivent
ici poussés par les bourrasques de l'agressivité n'ont en
général pas connaissance de la cause ayant produit cet effet
de renaissance. Les souffrances qu'ils endurent, bien qu'elles ne puissent
les faire mourir, leur paraissent aussi réelles que la souffrance
humaine. La contrepartie de la polarisation dans laquelle nous sommes fait
que l'univers-satellite droit de votre Terre occasionne quant à lui,
les douleurs du froid. C'est après la mort, que le mental de la conscience
désincarnée, changeant son attitude ou ses sentiments, peut
devenir un esprit à ce point polarisé, ou démon, si
le terme ne fait pas trop désuet. Ces esprits n'étant pas
fait de matière, ont aussi quelques pouvoirs supra normaux, comme
celui de changer leur forme, leur taille; ils peuvent aussi voyager comme
nous le faisons, empruntant des faisceaux de forces qui leur conviennent.
Il existe environ quatre vingt mille espèces d'esprits démoniaques,
qui sont tous des sous-produits de l'agressivité et des désirs.
Ceux que nous venons de voir sont les Rakshasas, pour d'autres branches,
ce sont les Prètas.
Sortir de ce guêpier demande un temps très long. Il est un
moyen de leur faire prendre conscience que l'état dans lequel ils
se trouvent n'est qu'une illusion, comme l'est d'ailleurs celui de tous
les mondes matériels et immatériels, c'est la méditation
dans laquelle les énergies centrées sont envoyées dans
toutes les directions jusqu'à l'infini puis de les dissoudre au centre
cardiaque, plusieurs fois de suite. Le réseau énergétique
ainsi tissé, canalise même les plus mauvais esprits en leur
fournissant un support que leur pauvre force spirituelle est incapable de
générer. Nous verrons tout cela lors des exercices de méditation.
Maintenant, allons voir les Asuras."
Nous nous élevons verticalement puis mettons cap au 202,5, latitude
90 Nord, sur
la balise arc-en-ciel centrale, au pôle de l'univers principal.
Le dernier quart du noyau central, notamment la pointe, est le siège
de forces où matière et antimatière bien que séparées
par des fuseaux dépolarisés sont plus intimement concentrées.
Nous nous plaçons en orbite autour du pôle. Deux cercles concentriques
de plasma en rotations contraires témoignent de l'intense activité
électromagnétique qui y règne. Les lignes de forces
rapprochées nous accélèrent et nous décélèrent
alternativement. Mon guide me dit alors:
-" Les esprits jaloux appelés Titans ou Asuras, occupent
ces portions d'antimatière en étroite relation avec les champs
supérieurs où siègent les mêmes polarités
mais inversées. Les accélérations et décélérations
que vous constatez au cours de notre orbite sont dues au reliquat de polarisation
de nos consciences incomplètement pures. Profitons du calme relatif
que les querelles guerrières incessantes des habitants de ces lieux
nous laissent et faisons l'expérience
suivante: prenons brièvement une attitude mentale très légèrement
désireuse de plaisir sexuel, je dis bien brièvement afin de
ne pas chuter complètement et constatons:"
J'imagine en ce qui me concerne, un début d'accouplement et de volupté. Subitement, la variation sinusoïdale de nos trajectoires s'est amplifiée puis, empruntant malgré nous un fuseau de force qui nous ramène au centre, nous sommes aspirés énergiquement en une descente vertigineuse, puis, l'imagination cessant, nous remontons comme une bulle du fond de l'océan et retombons sur notre orbite.
-" Bien. Vous avez pu constater à quel point l'attitude mentale polarise les énergies de la conscience. Nous pourrions faire la même expérience avec la jalousie, l'envie, ou autre, le résultat serait identique sauf que le lieu de chute serait différent, la métaphysique impose son chemin."
N'ayant pas envie de replonger, j'essaie de garder une disposition mentale
la plus neutre possible et me range sagement au côté de mon
guide. Nous observons. L'ambiance est électrique, il semble que des
particules cosmiques et électroniques sont arrachées. Un plasma
rouge diffus, ionise la pointe sur des distances importantes tandis que
de nombreux éclairs brefs irradient par
intermittence et déchargent leurs ions dans le champ plasmatique.
La mouvance des effluves me fascine et je trouve un certain charme à
ces manifestations aléatoires. Tout à coup, une armée
gigantesque, venue de je ne sais où, se lève tandis qu'une
horde immense de guerriers emplit le ciel et se précipite à
l'assaut de la première. Des armes de toutes sortes envoient des
rayons mortels et embrasent le pôle sur des distances incroyables;
des éclairs monstrueux déchirent le champ de bataille. La
taille des combattants est à la mesure de la démesure. Tout
paraît colossal. Peu à peu le calme revient.
-" Les Asuras naissent ici sous l'influence des polarités
de l'envie. Ils y vivent et meurent en rébellion avec les esprits
ou consciences encore polarisées du niveau immédiatement supérieur.
Les deux pointes, celle du noyau et celle complémentaire que les
lignes de forces du pôle délimitent, sont leur champ d'activité.
Ces consciences envieuses et jalouses ne sont pas un exemple à suivre.
Voyez le minuscule faisceau violet vertical, au centre de la pointe, c'est
ce
chemin qui libère totalement. Pour l'emprunter, il faut descendre
au centre du noyau. Leur fierté ne leur permet pas de reprendre facilement
un corps humain qu'ils jugent humiliant. C'est pourtant le plus apte à
les sortir de là. Aimeriez-vous savoir ce qu'il est advenu des victimes
du conflit irakien?"
En pleine contemplation de cet Univers qui nous fait tant souffrir, la question sans transition me surprend. Après un temps d'hésitation, je réponds affirmativement pensant que, si personnellement je n'ai pas d'attache particulière avec eux, certains au contraire pourraient en avoir.
-" Allons faire un tour un peu plus bas. Nous entamerons une descente douce, contournerons un espace paradisiaque où les consciences évoluées se reposent. Nous n'y pénétrerons pas afin de ne pas les distraire, puis atteindrons l'espace tampon Dorje Shyönnu."
18.3 L'ESPACE TAMPON DORJE SHYÖNNU
Le caractère brutal des forces dont nous étions l'objet près du pôle, s'estompe au fur et à mesure de notre descente. Une atmosphère de quiétude commence à se faire sentir et s'intensifie. Devant nous, apparemment libre de tout système stellaire proche, une bulle de la taille d'une petite planète se profile. Trois couleurs majoritaires irradient: blanc, rouge, bleu, tandis que le jaune et le vert sont à peine visibles. Nous nous mettons en orbite rapprochée. L'enveloppe presque étanche du petit monde ne permet que difficilement d'entrevoir ce qui s'y passe, cependant, les pensées perceptibles laissent supposer que les consciences en repos sont pour le moins satisfaites de leur condition. Une grande sérénité semble régner dans le minuscule espace.
"Dites aux parents des victimes des guerres que nous acceptons, qu'aucune action destructrice n'a pour but d'occasionner quelque peine à quiconque mais que parfois c'est le seul moyen qui reste pour faire quitter une voie erronée ne faisant plus progresser. La finalité est toujours la même, libérer le maximum de consciences et pourquoi pas de subconsciences. A ce propos, dans votre livre, après toutes les explications déjà énoncées, vous devriez donner la méthode pour préparer la nouvelle ère. Revenez le dixième jour de la prochaine lune terrestre, nous en parlerons. Ce sera notre dernière entrevue sur le sujet principal qui nous préoccupe tous."
Vairochana, comme les autres fois, me raccompagna au pôle de notre univers. Afin de ne pas tomber dans l'erreur de l'attachement qui prévalait lors de notre précédente séparation, je pris mentalement une attitude de relative indifférence. Mon guide lança alors:
-" Très bien! Bien! Enfin, c'est presque ça. En tous cas, c'est mieux. Bien que..."
La dégringolade dans les qualificatifs employés me laissa perplexe. J'avais encore à apprendre.
-" Prenez plutôt une attitude de compassion si vous voulez aider les autres."
La remarque cingla en mon esprit. J'étais incapable de trouver par moi-même la bonne disposition mentale. L'humilité me gagna à nouveau. Dur. Dur.
19. NOUVELLE ERE EN PREPARATION
A la date convenue, je reviens vers mon guide pour recevoir la dernière
tranche d'enseignement.
Je sens que l'oeuvre à entreprendre est décisive et que le
temps est compté.
-" Effectivement, il va falloir faire vite. Mettez les bouchées doubles, plus rien d'autre n'a d'importance. Faites mettre en pratique l'enseignement qui suit."
L'injonction me paraît brutale. Serait-ce à ce point crucial? A supposer qu'un éditeur veuille bien s'occuper du livre, que pourrais-je faire d'autre? Hormis les bouddhistes, les mentalités sont-elles prêtes à un tel revirement de pensée?
-" Terminez votre manuscrit. Faites traduire et mettez-le sur la toile! Bien que cette doctrine ne soit qu'une remise à jour des plus anciens enseignements ayant eu cours depuis le début des temps, vous serez peut être considéré comme un novateur qui dérange; pour cette raison, vous devriez rester dans l'anonymat et prendre votre précédent nom comme pseudonyme d'auteur."